Oh ! Un nouvel épisode du podcast LES BIERES NARRATIVES à peu près à l’heure ! Bah, on fait dans l’originalité : on prend nos bonnes résolutions en fin d’année car c’est plus sur !
Heureux de vous retrouver pour ce nouvel épisode. Comme d’habitude, vous êtes en bonne compagnie :
GREG alias The Beer Lantern : Je m’occupe du site du même nom depuis une dizaine d’années où j’y parle de bière sous plein d’aspects : dégustation, histoire, etc… J’ai depuis géré un bar à bières à Marseille et me suis désormais associé pour ouvrir une véritable brasserie craft à St Maximin qui propose des cours de brassage si vous êtes dans le coin. Et ceci n’est pas du sponsoring, juste du bon vieux copinage à l’ancienne !
BRICE, alias Captain Ordi ou Gruntosaure : notre technicien taciturne et parfois dyslexique !
ERIC, cuisiniste et qui s’occupe (parfois) du site Les Arts Narratifs : Le seul blog qui cause globalement de tout ce qui peut raconter une histoire : BD, séries, films, romans… Mais seulement quand j’y publie quelque chose chaque année bissextile ! Checkez plutôt les réseaux sociaux pour y suivre mes lectures. D’ailleurs peut-être même un jour, je ferais un article sur Le Cri du peintre Norvégien Edouard Munch, qui sait ?!
Maintenant que nous nous sommes présentés, passons aux choses (pas si) sérieuses avec au sommaire :
- L’annonce de la bière prétexte à faire cet épisode du podcast,
- Les sujets que l’on aurait pu aborder avec cette bière,
- Une petite présentation de la brasserie,
- Le sujet pop-culture (tout en dégustant la bière) qu’on va faire semblant de vous dévoiler alors que vous l’avez vu sur le titre ou la miniature de cet épisode,
- Le sujet brassicole du jour,
- Et enfin on se quittera sur un quiz et des recos d’actualité pour nous (quand on enregistre, pas forcément quand vous écoutez, c’est le principe d’un podcast).
🍻 La Bière et la Brasserie du Jour
Donc tavern… Euh pardon, Greg, qu’est ce que l’on boit aujourd’hui ?
Pour coller à notre sujet, nous dégustons une bière au nom évocateur : la Ghostface de la brasserie Funky Fluid.
Funky Fluid, c’est un météore venu de Varsovie, en Pologne. Fondée assez récemment, en 2018, la brasserie s’est immédiatement fait un nom grâce à une philosophie très claire : l’audace et l’intensité. Chez eux, pas de place pour la demi-mesure.
Leur ADN se résume en quelques points :
La Modernité avant tout : Ils sont les rois des styles “à la mode”. Leurs points forts, ce sont les New England IPA ultra-houblonnées, les “Pastry Stouts” décadents chargés en café, vanille ou chocolat, et les “Imperial Sours” qui explosent de fruits.
L’Expérimentation constante : Le nom “Funky” n’est pas là pour rien. Ils n’ont pas peur de tester de nouveaux houblons, des levures rares ou des combinaisons de saveurs complètement folles.
La Pop Culture comme inspiration : Ghostface n’est pas un cas isolé ! Leurs canettes sont souvent des clins d’œil à des films, des séries, des jeux vidéo… C’est une brasserie qui parle à notre génération.
L’Esprit Collaboratif : Funky Fluid, c’est aussi l’une des brasseries les plus collaboratives d’Europe. Ils ont brassé avec les plus grands noms du continent, ce qui est toujours un signe de reconnaissance et de qualité dans le milieu.
En gros, Funky Fluid, c’est une brasserie 2.0. Prolifique, créative, connectée, elle représente parfaitement cette nouvelle vague de brasseurs européens qui ont grandi avec internet et qui n’ont aucun complexe. C’est l’exact opposé d’une brasserie traditionnelle, et c’est justement pour ça qu’elle est la candidate idéale pour incarner l’esprit post-moderne et irrévérencieux de Scream.
(Dans l’épisode, nous parlons également de leur série phare : Juicyville !)
🔪 L’Art Narratif : La Saga SCREAM
Installez-vous confortablement, sortez vos chips (mais évitez le pop-corn, ça fait trop de bruit quand Ghostface rôde), et laissez-nous vous raconter comment un scénariste génial, un réalisateur visionnaire, et quelques acteurs talentueux ont créé l’une des sagas d’horreur les plus intelligentes et influentes de l’histoire du cinéma.
La Naissance d’un Phénomène
Notre histoire commence au milieu des années 90. Le cinéma d’horreur traverse une période particulièrement creuse. Les slashers des années 80 ont perdu de leur superbe, Jason Voorhees et Freddy Krueger commencent à fatiguer.
C’est là qu’un jeune scénariste, Kevin Williamson , véritable expert du cinéma d’horreur , a une révélation : et si on faisait un film d’horreur dont les personnages connaissent les règles des films d’horreur ? Il écrit alors un script intitulé “Scary Movie”. L’histoire de Sidney Prescott , confrontée à un tueur masqué qui teste les connaissances cinématographiques de ses victimes. Le script mélange habilement hommage et parodie, respecte les codes du slasher tout en les déconstruisant. Les personnages citent constamment Halloween, Vendredi 13 ou Freddy, ils connaissent les règles pour survivre… et pourtant ils se font quand même avoir. Le script est acheté par Miramax pour 400 000 dollars.
Pour le réaliser, les Weinstein approchent Wes Craven , le maître derrière A Nightmare on Elm Street. Craven traverse alors une période difficile et hésite d’abord. Mais en lisant le script, il a une révélation : ce script est différent, il interroge les codes qu’il a lui-même contribué à créer. Il accepte. Ensemble, ils peaufinent le personnage de Ghostface, inspiré du tableau Le Cri d’Edvard Munch. Le masque, produit par Fun World depuis 1991, est un coup de génie. La voix, elle, est prêtée par Roger L. Jackson , qui n’était jamais présent sur le plateau avec les autres acteurs.
Un Casting Iconique
Le casting de Scream est un exercice d’équilibriste.
Neve Campbell (Sidney Prescott) , sortant de Party of Five , apporte une vulnérabilité et une force intérieure qui en font une “final girl” mémorable.
Courteney Cox (Gale Weathers) , alors au sommet de sa gloire avec Friends , est un choix audacieux pour ce rôle antipathique.
David Arquette (Dewey Riley) en fait un personnage attachant, maladroit mais courageux.
Jamie Kennedy (Randy Meeks) incarne parfaitement le geek cinéphile
- Le casting est complété par Rose McGowan, Skeet Ulrich et Matthew Lillard.
Mais le coup de génie, c’est l’ouverture avec Drew Barrymore. Alors l’une des actrices les plus bankable , le public s’attend à ce qu’elle soit l’héroïne. Sa mort brutale dès l’ouverture annonce la couleur : dans Scream, personne n’est à l’abri.
Le Choc de 1996
Scream sort le 20 décembre 1996. Avec un budget modeste de 15 millions de dollars , le film est un succès phénoménal, récoltant plus de 173 millions de dollars. Il révolutionne le cinéma d’horreur. Il arrive au moment parfait : les adolescents sont plus cinéphiles que jamais grâce aux vidéoclubs. Les références pointues de Williamson trouvent leur public.
Contrairement à Jason ou Freddy, Ghostface n’est pas un monstre surnaturel. C’est un humain ordinaire sous un masque, ce qui rend la menace plus réelle. L’impact culturel est immense. Le film lance une nouvelle vague de films d’horreur pour adolescents comme I Know What You Did Last Summer (aussi de Williamson) et Urban Legend.
La Trilogie Originale
Scream 2 (1997) : La suite sort à peine un an plus tard. Williamson applique les règles des suites qu’il a lui-même théorisées : “le nombre de morts est plus élevé”, “les morts sont plus élaborées”. L’intrigue déplace l’action à l’université et introduit le film “Stab”, ajoutant une couche méta supplémentaire. Le casting s’étoffe avec Sarah Michelle Gellar , Timothy Olyphant et Jada Pinkett Smith. Le tournage est complexe, avec des fuites de script obligeant à réécrire la fin. Le film est un nouveau succès critique et commercial (172 millions $).
Scream 3 (2000) : Kevin Williamson, occupé par Dawson, ne fournit qu’une ébauche ; c’est Ehren Kruger qui écrit le scénario. L’action se passe à Hollywood sur le tournage de “Stab 3”. Le film souffre du contexte post-Columbine, le rendant moins sanglant. L’aspect méta commence à s’essouffler. Malgré des critiques plus mitigées, il reste un succès (161 millions $) et boucle la trilogie.
L’Interlude et le Retour
Il faut attendre 2011, soit onze ans après Scream 3, pour voir la saga revenir. Scream 4 (2011) marque le retour de Kevin Williamson et Wes Craven. Le défi : explorer l’impact des réseaux sociaux et des smartphones sur les codes du slasher. Sidney revient à Woodsboro et rencontre une nouvelle génération (Emma Roberts, Hayden Panettiere). Le film critique la culture de la célébrité contemporaine. Malgré des critiques positives, le public ne suit pas complètement. Avec 97 millions de dollars, c’est le moins rentable de la saga.
Le 30 août 2015, le monde du cinéma d’horreur perd l’un de ses maîtres : Wes Craven décède. Sa disparition marque la fin d’une époque et pose question : peut-on faire un Scream sans lui ?
La Nouvelle Génération : “Requels” et Traumatismes
En 2019, le projet d’un cinquième film est relancé par les studios Paramount et Spyglass. Le duo de réalisateurs Radio Silence (Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett), connu pour Ready or Not, est choisi. Leur film, Scream (2022), se veut un “requel” : il relance la franchise tout en continuant l’histoire originale.
L’action revient à Woodsboro, 25 ans après les premiers meurtres. Sidney, Gale et Dewey sont de retour , mais ce sont les nouveaux personnages qui portent l’intrigue. Melissa Barrera (Sam Carpenter) et Jenna Ortega (Tara Carpenter) forment le nouveau duo d’héroïnes. On apprend que Sam est la fille de Billy Loomis. Le film analyse les nouveaux codes de l’horreur (les “elevated horror”) et la “toxic fandom”. Le film est un succès critique et commercial (137 millions $), prouvant que la saga peut survivre à Craven.
Scream VI (2023) : Le succès lance rapidement la suite. L’action quitte Woodsboro pour New York. Cette délocalisation permet de renouveler visuellement la franchise (la scène du métro !). L’absence notable est celle de Neve Campbell, en désaccord sur sa rémunération. Le film explore l’idée de “franchise” et devient le plus gros succès commercial depuis Scream 2 (168 millions $).
L’Avenir Incertain de Scream 7
Alors que Scream 7 est confirmé , les choses se compliquent. En octobre 2023, Melissa Barrera est licenciée suite à des messages polémiques sur les réseaux sociaux. Quelques jours plus tard, Jenna Ortega annonce son départ, officiellement pour des conflits d’agenda.
Face à cette crise, la solution est radicale : le retour de Neve Campbell dans le rôle de Sidney Prescott. Les scénaristes James Vanderbilt et Guy Busick doivent complètement repenser leur approche et repartir de zéro. La production est retardée. Aujourd’hui, en septembre 2025, Scream 7 reste dans les limbes. Officiellement en développement pour 2026 , les incertitudes s’épaississent.
L’Héritage de Scream
Quoi qu’il arrive à Scream 7, rien ne pourra effacer l’impact colossal de cette saga. En près de 30 ans, Scream a révolutionné le cinéma d’horreur. Elle a popularisé l’approche méta , que l’on retrouve partout aujourd’hui (de Deadpool à WandaVision). Elle a changé la façon dont nous regardons les films d’horreur : les spectateurs sont devenus des analystes actifs.
Sidney Prescott est devenue l’archétype de la “final girl” intelligente et combative. Ghostface a rejoint le panthéon des grands méchants. Plus profondément, Scream a posé des questions sur l’impact de la violence médiatique et la transmission des traumatismes. L’influence de Kevin Williamson et Wes Craven se ressent dans tout le cinéma contemporain. Scream a déjà accompli sa mission : révolutionner son genre et marquer son époque.
Le Sujet Brassicole : Baladin, le Parrain de la Bière Italienne
Pour notre sujet brassicole aujourd’hui, on va faire une pause. On quitte l’effervescence de la scène craft moderne pour remonter le temps. On part en Italie, sur les traces d’une légende vivante : Teo Musso, et sa création, la brasserie Baladin.
Pour bien comprendre, il faut se replonger dans l’Italie des années 80. C’était un désert brassicole aride. La bière était vue comme une boisson simple et sans prestige, bonne à accompagner une pizza. Personne n’imaginait qu’elle puisse rivaliser avec le vin.
Personne, sauf Teo Musso. Ce visionnaire tenait un petit pub, “Le Baladin”, dans le Piémont. En servant des bières belges, une question a germé dans son esprit : “Pourquoi la bière ne pourrait-elle pas être aussi noble, aussi complexe et aussi respectée que le vin ?”.
En 1996, il décide de créer la sienne. C’est la naissance de la brasserie Baladin. Il ne voulait pas copier les Belges ou les Américains ; il voulait créer une “voie italienne” de la bière. Et pour ça, il va agir sur plusieurs fronts.
Révolutionner le flacon : C’est peut-être son coup de génie. Il abandonne la petite bouteille de 33cl et choisit d’embouteiller ses créations dans d’élégantes bouteilles de vin, fermées par un bouchon de liège et un muselet. Ce geste est un manifeste : il déclare que ce qui se trouve à l’intérieur est précieux, qu’on peut le faire vieillir, le partager à table, l’offrir comme un grand cru.
Révolutionner le goût : Teo Musso va puiser dans le terroir et l’histoire italienne pour créer des bières uniques. C’est ainsi que naissent des recettes iconiques : la Isaac (bière blanche aux écorces d’agrumes et coriandre) , la Nora (inspirée de l’Égypte ancienne, avec myrrhe et gingembre) , ou encore la Xyauyù (un barleywine oxydatif, sans gaz, de méditation).
Révolutionner la dégustation : Teo Musso devient le plus grand ambassadeur de la bière à table. Il milite sans relâche pour les accords bières et mets, prouvant que ses créations complexes peuvent sublimer la haute gastronomie italienne.
En conclusion, l’héritage de Baladin est colossal. Teo Musso n’a pas seulement fondé une brasserie qui a du succès. Il a créé une culture. Il a donné à l’Italie une fierté brassicole. Il est le parrain, le père spirituel de toute la scène craft italienne.




